My way 13 Édito : Littérature et coches

#

Comment bien dire ce qui, du réel, affleure et laisse présager de funestes destins ? L’écriture – l’acte d’écrire – peut-elle se mesurer à la marque du destin dont on a accepté de se faire l’héritier ?

La littérature nous offre des voies de réponse ; c’est ce dont témoignent les rencontres de lecture de Céline Aulit et Nathalie Georges Lambrichts.

L’une nous emmène sur les traces de la logique que dessine Leïla Slimani dans son roman « Une chanson douce », qui conduit un sujet au passage à l’acte, là où la dimension subjective, structuralement, disparaît. L’autre fait résonner le point où conflue pour Marcel Cohen la nécessité d’écrire, tout autant que celle de ne pas le faire, au regard de ce réel auquel il se mesure, pour n’écrire « que ce qui vaut ».

Mais à rebours, l’usage de la langue peut aussi être le lieu d’une destitution active et programmée de toute dimension subjective, et contribuer ainsi à son exclusion. La langue se réduit alors à une fonction de véhicule de la logique comptable du maître contemporain, qu’elle met en acte dans le même temps.

Les témoignages de Martine Revel et Catherine Kempf nous en fournissent des illustrations : ce qui achoppe dans la réponse de l’enfant au programme scolaire tout comme les tentatives d’intervenants pour soutenir l’abord clinique de la souffrance sont réduits à des coches, listées et comptabilisées. Rien là qui tente de faire passer dans la langue les manifestations de ce réel auquel chacun s’affronte.

Vous trouverez également dans cette treizième livraison de My Way la promenade étymologique où nous emmène Jean-Claude Encalado, traversant les champs sémantiques du mot way, pour nous apporter un vent de fraîcheur, réveillant pour nous le joli mot de « guise », cette guise qui est proprement celle du sujet et qui ne s’emboîte tout à fait dans aucun programme.

 

Print Friendly

This post is also available in: AnglaisItalienEspagnolNéerlandais