Les choix politiques au XXIème siècle 

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La lecture des Écrits de Jacques Lacan fait sentir qu’un seul débat se poursuit, toujours le même, et qui se reconnaît pour être le débat des Lumières.

Comment les élections présidentielles françaises peuvent-elles résonner outre-Atlantique ?

De façon générale, des élections récentes montrent que les choix politiques deviennent de plus en plus terribles dès lors qu’ils procèdent de la rage. MLP, c’est le populisme avec des relents de fascisme, moins la rage que la peur : de la mondialisation, du terrorisme, de l’islamisme, de la dissolution de l’identité nationale. Elle défend les bonnes vieilles valeurs du terroir.

Dans les médias, un titre attire l’attention par le vocable « révolution », France’s next revolution (The Economist le 4 mars 2017). Il s’y explique la raison pour laquelle les conséquences des élections présidentielles françaises dépasseront les frontières, puisque le résultat pourra revitaliser l’Union européenne ou bien la détruire. Qu’en est-il au-delà des frontières européennes ?

Le choix politique de l’extrême-droite en France montrera-t-il que l’escalade de la démagogie et le nationalisme de droite avaient justement été mis sous le tapis ? Alors ce serait un réveil bouleversant, par rapport au rêve de l’état démocratique de droit qui s’étendrait harmonieusement et progressivement partout, après la chute du Mur de Berlin (folha.uol.com.br in : ilustríssima,19/03/17).

Quid du Brésil ? Pourrait-on faire sortir de sous le tapis une extrême-droite qui puisse réussir par le vote, ce qui n’a pas eu lieu depuis l’instauration de la VIème République Brésilienne, suite à la fin du régime militaire en 1985 ? Cette Sixième République se caractérise par une ample démocratisation politique du Brésil et sa stabilité économique.

Une esquisse d’extrême-droite (puisqu’il n’existe pas de parti d’extrême-droite à proprement parler, depuis le régime militaire) se profile par la voie d’un député de Rio, militaire à la retraite, évangélique, qui gagne en notoriété depuis la procédure d’impeachment de la Présidente Dilma Rousseff. En peu de temps, il engrange déjà 12% des intentions de vote pour la Présidentielle de 2018, alors qu’il a changé de parti début 2016 pour choisir celui avec lequel il pourra se lancer dans la course présidentielle. Son programme de gouvernement prétend récupérer la fierté nationale, qui suppose de récupérer la fierté militaire, avec la promesse d’offrir aux militaires la moitié des ministères de son gouvernement. Bien évidemment, la défense de la torture fait partie du programme, ainsi que l’obtention d’informations d’une manière « énergique ».

Outre-Atlantique, on accompagne et on soutient le mouvement des psychanalystes en France contre le vote pour MLP, ce qui ne veut pas dire s’abstenir de voter, bien au contraire – les collègues français l’ont précisé – mais plutôt un pousse-à-voter contre MLP. Outre-Atlantique, il y a le cas du Brésil, avec un régime présidentiel où le vote est obligatoire : ainsi faut-il éviter à tout prix les choix politiques qui relèvent de la colère et de la rage, des choix politiques subjectifs et imprévisibles.

SP, le 23 mars 2017

 

* Je remercie Marie-Hélène Blancard pour sa lecture attentive

 

 

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