Edito My Way 12: Sans dessus-dessous !

Cette fois-ci, My Way met l’accent sur l’érotique de notre temps. Le XXIème siècle est, de ce point de vu, sans dessus-dessous. Fabrice Bourlez notait, dans son texte d’ouverture, « l’extension du domaine du possible » en matière de sexualité à une époque marquée par le fait que de plus en plus « chacun fait ce qui lui plaît » [1]. En effet nous assistons d’un côté à une prolifération sans pareille des objets et des pratiques, de l’autre à la multiplication des modalités de faire couple, comme en témoignent la substitution du sexfriend au boyfriend ou, plus étonnant, du trouple[2] au couple. Les chemins sont donc devenus multiples autant que sinueux, et ce sont ces nouvelles modalités de composer avec son partenaire de jouissance que notre nouveau numéro de My Way se propose d’explorer.
Dans ce douzième numéro, Karoline Buchner se penche avec l’étonnant film de Raphaël Siboni « Il n’y a pas de rapport sexuel » sur la question de la pornographie. Chiara Mangiarotti s’intéresse quant à elle à la question de la sexuation : nous verrons comment le genre devient, avec les avancées de la science, une forme « d’auto-nomination ». Daniel Olive constate que ces avancées ne facilitent pas la vie des adolescents qui inventent à cette occasion une forme de « travestisme ordinaire », façon inédite de se constituer un style. Avec Yves Depelsenaire nous découvrons que le passage à l’ère de la science nous a conduit à inventer « le signifiant maitre le plus con ! » et enfin, dans ce même fil, nous verrons avec Joost Demuynck que notre époque voit l’avènement d’une « désublimation de l’art ».
« Le réel du lien social, c’est l’inexistence du rapport sexuel » avance Jacques-Alain Miller[3], voilà ce à quoi chacun a à faire. Si le capitalisme, ayant institué la jouissance comme impérative, s’emploie aujourd’hui à normer et sérier jusqu’à l’absurde des modes de jouir toujours plus variés, chacun a à inventer un style qui soit une modalité possible de lien afin de contrer la débilité qui nous guette : voilà qui résonne bien avec « My Way » !
[1] pipol8.pipolcongres.eu/2016/11/21/erotiques-contemporaines/
[2] http://www.slate.fr/story/99439/trouple
[3] Ibid.
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